J.C. COMOR propose un débat à G. FRECHE, 7 septembre 2000:
Monsieur
le Député,
Le Président de la République
a décidé d’organiser un référendum sur la réduction du mandat présidentiel.
Député inscrit au groupe
socialiste à l’Assemblée Nationale, vous avez soutenu Lionel Jospin aux
dernières élections présidentielles, et vous répondrez, je suppose, comme
lui, à la question posée lors de ce référendum par « OUI ».
Professeur de droit, vous
agirez particulièrement en connaissance de cause.
Vous avez dû constater, comme
moi, que cette campagne ne provoque guère d’enthousiasme de part et
d’autre, et que le débat n’est pas encore sur la place publique.
Je vous propose donc
d’organiser ce débat. Vous êtes pour le « Oui ».
Je suis pour le « Non ». Avec d’autres, pourquoi pas ? Débattons
publiquement.
Tous les Montpelliérains
connaissent assez votre goût pour les Anciens -
et celui qu’ils avaient pour les discussions publiques – et approuveront
sans doute de suivre ce débat qui ne prendrait en compte que des enjeux de démocratie
à l’échelon national, s’entend !
Dans l’attente de votre réponse,
je vous prie de croire, Monsieur le Député, à l’expression de ma considération
républicaine.
Jean-Christophe
COMOR
Secrétaire
départemental
du RPF de l’Hérault
De l'opportunité d'un referendum, 19 juin 2000:
83 % des Français sont pour le quinquennat. Cela ne fait aucun doute, il apparaît donc totalement absurde d’engager une procédure référendaire !
Selon ce même raisonnement, pourquoi ne s’est-on pas contenté de réunir le Congrès en 1995 pour élire E. Balladur à la Présidence de la République, ce qui n’aurait fait que confirmer la volonté des Français.
Attention, ce qui ne paraît être qu’une boutade pourrait bien être ce que l’on nous prépare : de nombreux pays ayant choisi le quinquennat font élire le Président par leurs parlementaires.
A moins qu’il n’y ait du « syndrome Maastricht » dans l’air…
Rappelons-nous ce fameux referendum. Tout le monde était pour, et il s’en ait fallu de peu pour que le non l’emporte.
Ainsi Monsieur FORNI, Président de l’Assemblée Nationale, s’est prononcé, lors de la discussion sur le projet de loi, pour le Congrès, par crainte, notamment, d’une campagne du non. François LEOTARD, dont on ne sait plus très bien s’il a ou non quitté la politique, nous dit que c’est une affaire trop sérieuse et trop compliquée pour consulter les Français –notons au passage que ce dernier pense à l’inverse que nos concitoyens sont aptes à se prononcer par voie de referendum sur la question Corse, qui apparaît comme autrement plus compliquée.
On pourrait multiplier à l’infini les exemples, sans compter ceux qui semblent déjà se préparer à un éventuel échec, tel François HOLLANDE qui commence à trouver que le Président de la République s’est engagé sans conviction dans la réforme – responsable mais pas coupable, ou certains qui, au RPR, nous disent, avec un sens non dissimulé de l’intérêt du pays, qu’ils voteront oui pour ne pas nuire à Jacques CHIRAC.
Heureusement que des « sages », tel Jacques DELORS, s’engagent courageusement selon leurs convictions personnelles et le sens de l’intérêt général, à l’encontre de leur famille politique : il s’est déclaré, comme Charles PASQUA et le RASSEMBLEMENT POUR LA FRANCE en faveur d’un septennat non renouvelable, seul mandat garantissant au Président la durée nécessaire au plein exercice de ses fonctions et l’absence de contrainte électorale, lui interdisant ainsi toute pensée électoraliste.
Cet engagement de celui que tout le monde voyait (s’il avait été candidat) Président de la République en 1995, prouve une fois de plus que la RASSEMBLEMENT POUR LA FRANCE est porteur de valeurs qui ne sont ni de droite ni de gauche, mais tout simplement REPUBLICAINES.
Ce referendum n’est pas une « broutille », il engage, au plus haut niveau, l’avenir de nos institutions et, plus encore, de notre pays. Chacun devra, avant de se déterminer, prendre pleine et entière conscience qu’il ne s’agit pas, comme on souhaiterait nous le faire croire, d’une simple « réformette » !
Jean-Christophe COMOR-L'Hérault du Jour, 7 juin 2000:
–
Quelle sera votre position s’il y a un référendum portant uniquement sur le
« quinquennat sec » ?
Je
voterai non à cette réforme de convenance. Je préfère un septennat non
renouvelable et que l’on nous consulte plus souvent par référendum (comme
sur le traité d’Amsterdam). Nous vivons dans un monde de plus en plus
instable où tout s’accélère, nous avons besoin d’un Président de la République
qui voit loin, durablement et libéré des sondages, des perspectives électorales
souvent paralysantes.
–
Pensez-vous
que les Français seront intéressés ?
Les
français préfèrent toujours qu’on leur demande leur avis. Le problème est
que la classe politique a l’air, elle, de ne pas savoir quoi dire… Pour ma
part, je ferai en sorte auprès de mes concitoyens de l’Hérault,
d’expliquer les enjeux de ce débat, que l’on nous masque.
–
Ne pensez-vous pas que cette question, qui ouvrirait une période électorale
de 2 ans, pourrait être l’occasion d’un grand débat sur notre démocratie ?
Le
référendum en lui-même est un moment de démocratie assez unique.
Souvenez-vous Maastricht ! En dehors de toutes considérations, de partis
ou d’hommes, il y a eu un débat dans le pays, et ma foi, de bonne tenue.
Charles PASQUA s’attachera, avec tous ceux qui le veulent, de tous les
horizons, à faire vivre un moment de démocratie…
–
N’y a t’il pas là, un ferment de recomposition du paysage politique ?
Les
seuls moments de recomposition sont effectivement le référendum et l’élection
présidentielle. Pour le débat qui nous concerne, hélas, on pourra revoir le même
cortège d’hypocrites amnésiques qui, pour ne pas se sentir seuls, chanteront
les mêmes cantiques. Le peuple, lui, sait qu’il y a encore entourloupe, que
l’on veut nous faire changer de régime, pour que l’on adopte, après le
capitalisme américain, la non-culture américaine, la mal bouffe américaine,…
le régime politique américain, mais sans l’indépendance et la puissance hélas !
Si le peuple veut une recomposition, il faut qu’il vote contre cette mesure
soutenue par Chirac, Madelin, Bayrou, Jospin, Hollande, et consorts…
5
– Etes-vous un homme moderne ?
Dans
la querelle, les Anciens et des Modernes, qui se souvient des Modernes ?
Ce sont les Anciens, avec Corneille et Racine, qui ont gagné !
La
vraie question n’est pas celle de la modernité, mais celle du progrès :
est-ce que le dernier lapin du chapeau de Chirac peut faire avancer autre chose
que ce qu’il croit être son propre intérêt ? Au lieu de résoudre les
problèmes de la France et des Français ? Emploi, précarités, insécurités,
Ecole, désertification, etc ...